Qu’est-ce qu’un ventilateur de mine ?
Un ventilateur de mine, aussi appelé ventilateur de ventilation de mine, est un grand ventilateur industriel utilisé pour assurer la circulation d’air dans une mine souterraine ou un tunnel. Son rôle est de fournir de l’air neuf, de diluer et d’évacuer les poussières et gaz nocifs, de maîtriser la chaleur et l’humidité, et de maintenir des conditions de travail sûres pour le personnel.
Sans une ventilation correctement dimensionnée et pilotée, une mine souterraine peut rapidement accumuler du méthane, des fumées diesel, des gaz de tir et des poussières respirables, ce qui augmente fortement les risques d’explosion, d’intoxication et de maladies professionnelles.
Pourquoi la ventilation est essentielle en exploitation minière
Les mines souterraines modernes reposent sur un système complet de ventilation comprenant :
Des voies d’air principales (entrée) et des voies de retour
Des puits et cheminées
Des cloisons, portes, régulateurs et gaines
Et un ou plusieurs ventilateurs principaux pour mettre l’air en mouvement

Figure : Schéma simplifié d’un réseau de ventilation souterraine (entrée d’air, ventilateur principal en surface, ventilateurs locaux aux fronts et retour d’air vers la surface).
Les ventilateurs sont le « moteur » du réseau. Ils :
Insufflent ou extraient l’air entre la surface et les travaux
Diluent le méthane, le CO, les NOx, le SO₂ et d’autres gaz à des niveaux sûrs
Réduisent la concentration de poussières aux fronts et aux points de chargement
Évacuent la chaleur et l’humidité produites par la roche, les équipements et la profondeur
Maintiennent une vitesse d’air suffisante pour éviter les zones mortes où les contaminants stagnent
Une ventilation bien conçue fait donc partie des bases de la sécurité minière.
Principaux types de ventilateurs en mine
En pratique, on classe surtout les ventilateurs selon leur fonction et leur emplacement dans le réseau.
1. Ventilateurs principaux

Figure : Station de ventilateurs principaux en surface assurant le débit d’air global du site.
Les ventilateurs principaux (antidéflagrants pour mines de charbon) sont des ventilateurs de grande capacité installés en surface, généralement au droit d’un puits ou d’un ouvrage principal. Ils génèrent l’essentiel du débit et de la pression nécessaires pour faire circuler l’air dans l’ensemble de la mine.
Caractéristiques typiques :
Installés en surface dans une station de ventilation (bâtiment ventilateur)
Souvent en configuration « service + secours » pour la continuité d’exploitation
Avec silencieux, diffuseurs et cônes d’entrée pour améliorer rendement et bruit
Entraînés par des moteurs de forte puissance, souvent avec variateur de fréquence (VFD)
2. Ventilateurs de surpression (booster)

Figure : Ventilateur de surpression (booster) installé en galerie pour renforcer la pression et alimenter des zones éloignées.
Les ventilateurs de surpression, souvent appelés « booster », sont installés sous terre en série avec le ventilateur principal. Ils sont utilisés dans les mines profondes, longues ou à forte résistance aéraulique afin d’augmenter la pression disponible sur une partie du réseau et de mieux alimenter des secteurs éloignés.
Comme ils modifient la répartition des pressions, leur conception et leur réglage doivent respecter des règles strictes afin d’éviter des inversions de flux imprévues ou une accumulation dangereuse de gaz.
3. Ventilateurs auxiliaires et ventilateurs locaux

Figure : Ventilateur auxiliaire avec gaine flexible apportant de l’air neuf à un front de développement.
Les ventilateurs de ventilation locale (ventilateurs auxiliaires) sont des ventilateurs plus petits utilisés pour ventiler les fronts, chantiers et culs-de-sac qui ne sont pas directement balayés par le courant principal.
Ils :
Sont placés à l’entrée d’un chantier ou dans une voie secondaire
Sont raccordés à une gaine de ventilation (rigide ou flexible)
Apportent l’air neuf au poste de travail et diluent poussières et fumées (forage, tir, chargement)
Dans les mines de charbon, on utilise aussi des ventilateurs locaux antidéflagrants associés à des gaines longues pour la ventilation des tailles et des fronts.
Ventilateurs axiaux vs ventilateurs centrifuges en mine
Du point de vue aéraulique, la plupart des ventilateurs miniers appartiennent à deux grandes familles.
Ventilateurs axiaux
L’air entre et sort parallèlement à l’axe du ventilateur
Très bons débits pour des pressions faibles à moyennes
Conception compacte, souvent avec pales réglables
Très courants en ventilateurs principaux, boosters et auxiliaires
Ils conviennent bien :
Aux réseaux longs à résistance modérée
Aux besoins de réglage fin (pas variable) et d’efficacité
À la réversibilité (selon conception), utile pour la gestion des fumées en situation d’urgence
Ventilateurs centrifuges
L’air entre au centre de la roue et sort radialement (déflexion ~90° dans le carter)
Pressions généralement plus élevées que l’axial, pour un débit souvent moindre
Souvent choisis pour des réseaux à forte perte de charge ou des contraintes mécaniques importantes
Ils peuvent être plus adaptés :
Aux mines profondes nécessitant une forte pression statique
Aux puits et galeries avec pertes de charge élevées
Aux applications demandant des carters lourds et une robustesse élevée
Le choix entre ventilateur axial et ventilateur centrifuge dépend notamment :
Du débit requis (m³/s ou CFM)
De la pression totale (Pa ou kPa)
De la courbe de résistance du réseau (dont la résistance d’Atkinson)
Du bruit, du rendement visé et de l’espace disponible
Paramètres techniques clés d’un ventilateur de mine
Lorsqu’un ingénieur dimensionne un ventilateur de mine, il se concentre sur plusieurs paramètres fondamentaux :
Débit d’air (Q) : volume d’air fourni, exprimé en m³/s ou m³/h (ou en CFM selon les pays).
Pression totale / pression statique (Pt, Ps) : pression nécessaire pour vaincre la résistance des voies, gaines et fuites ; généralement en Pa ou kPa.
Rendement (η) : rapport entre la puissance aéraulique utile et la puissance à l’arbre ; un bon rendement réduit fortement les coûts d’énergie.

Figure : Carte de performance (pression statique vs débit) avec iso-rendements et lignes d’angles de pales.
Courbe ventilateur : relation débit/pression à une vitesse donnée ; l’intersection avec la courbe du réseau fixe le point de fonctionnement.
Puissance et vitesse : puissance moteur (kW ou HP) et vitesse (tr/min) adaptées au besoin, au coût énergétique et au mode de démarrage (direct, progressif, variateur).
Bruit et vibrations : points critiques pour le confort et la tenue mécanique ; traités via silencieux, joints flexibles et supports antivibratiles.
Sécurité et protection contre les explosions
Comme les ventilateurs influencent directement l’atmosphère souterraine, ils sont soumis à des exigences de sécurité strictes.
Points clés :
Antidéflagrant / atmosphères explosibles
Dans les mines grisouteuses (charbon) et certains contextes, on peut exiger des conceptions antidéflagrantes et des moteurs certifiés Ex afin d’éviter toute source d’inflammation.Fiabilité et redondance
Configuration service/secours, basculement automatique et alimentation de secours pour maintenir le débit d’air en cas de panne.Surveillance et pilotage
Mesures continues : vitesse, intensité, vibrations, pression différentielle au ventilateur, débits, concentrations de gaz et températures sur les voies principales et retours.Procédures d’exploitation
Démarrages/arrêts et changements de régime peuvent modifier fortement les flux ; ils doivent être encadrés par des procédures et analyses de risques.
Applications typiques des ventilateurs de mine
Les ventilateurs miniers sont utilisés dans presque tous les ouvrages souterrains :
Mines de charbon – ventilateurs principaux et boosters pour la ventilation générale ; ventilateurs locaux antidéflagrants pour tailles et fronts.
Mines métalliques et non métalliques – grands ventilateurs principaux (souvent axiaux) pour puits et rampes ; ventilation locale par ventilateurs auxiliaires.
Tunnels et ouvrages souterrains – ventilateurs axiaux et gaines pour chantiers routiers/ferroviaires/hydrauliques, proches des schémas de ventilation auxiliaire.
Dépoussiérage et contrôle des fumées – ventilation combinée à l’arrosage et/ou à des collecteurs pour réduire poussières respirables et particules diesel.
Un bon dimensionnement et un bon positionnement des ventilateurs peuvent réduire sensiblement la consommation d’énergie tout en garantissant la qualité d’air requise.
Comment choisir un ventilateur de mine (approche ingénierie)
Un processus de sélection rigoureux comprend généralement :
Définir le besoin de ventilation
Débit requis par district et pour l’ensemble de la mine
Exigences minimales réglementaires (personnel, engins diesel, fronts)
Construire ou mettre à jour le modèle du réseau
Longueurs, sections, résistances et fuites
Cloisons, régulateurs, portes, pertes singulières
Choisir le type et la configuration
Ventilateur axial ou centrifuge
Ventilateur unique, en parallèle ou en série
Redondance service/secours et boosters éventuels
Vérifier les points de fonctionnement
Stabilité et marge autour du meilleur rendement
Réserves pour extensions futures
Valider sécurité, bruit et conformité
Contraintes antidéflagrantes si applicables
Exigences locales et guides de ventilation
Prévoir supervision et pilotage
Variateur de fréquence pour ajuster le débit et réduire l’énergie
Intégration au SCADA / supervision de la ventilation
Ressources et références
Manuels / guides pratiques
INRS – ED 703, Ventilation (espaces confinés) : guide pratique en français utile pour comprendre les principes de balayage d’air et de prévention en atmosphères confinées.
Carsat – Guide prévention travaux souterrains (SP1194) : recommandations QSE en français pour chantiers souterrains (organisation, risques, ventilation).
McPherson – Subsurface Ventilation Engineering (PDF) : référence internationale de base sur la conception et l’analyse des réseaux de ventilation souterraine.
Hartman – Mine Ventilation and Air Conditioning (Wiley) : ouvrage de référence (ventilation + climatisation) utilisé en ingénierie minière.
Normes et réglementation (France / français + UE)
Code du travail – Art. R4534-43 : exigence en français sur la qualité de l’air et la ventilation pour galeries et puits en cours de creusement.
Code du travail – Sous-section « Ventilation » (R4534-43 à R4534-49) : ensemble des articles encadrant la ventilation des travaux souterrains (vision réglementaire française).
Décret n°80-331 (RGIE) : texte français historique lié aux règles de sécurité des industries extractives (cadre général, à croiser avec les textes en vigueur).
INRS – Réglementation espaces confinés : synthèse en français des obligations de ventilation (renvoie aux articles du Code du travail, dont ceux applicables aux travaux souterrains).
Directive 2014/34/UE (ATEX « équipements ») – PDF : cadre européen pour les équipements destinés aux atmosphères explosibles (pertinent pour ventilateurs/moteurs en zones ATEX).
Directive 1999/92/CE (ATEX « lieux de travail ») – PDF : exigences européennes minimales de protection des travailleurs en atmosphères explosibles.
Articles et ressources techniques en français (France / francophonie)
INRS – Travail & Sécurité : « Souterrains, confinés, mêmes combats » : article en français sur les risques en environnements souterrains et les mesures de prévention (dont ventilation).
INRS – ED 6246, réduction des émissions diesel en espace confiné : guide en français utile pour relier ventilation, fumées diesel et prévention (tunnels/souterrains).
Publications scientifiques et documents techniques internationaux
NIOSH – Handbook for Dust Control in Mining (PDF) : référence technique sur contrôle des poussières, avec de nombreux cas où la ventilation est la mesure clé.
NIOSH – Dust Control Handbook (Industrial Minerals), 2e éd. (PDF) : méthodes modernes de contrôle poussières/ventilation pour mines et tunnels.
Commission européenne – Présentation ATEX : page officielle de cadrage (équipements + lieux de travail) et renvois vers textes applicables.
Contexte (définitions et bases)
Mine ventilation (aperçu général) : vue d’ensemble (définitions, logique des circuits), à utiliser comme contexte, pas comme source normative.